Le domaine de la santé mentale s'étend aujourd'hui du traitement des psychopathologies à la question du développement personnel. A quelle logique, ce spectre qui réunit à la fois la morbidité et le bien-être, doit-il sa cohérence ? L'un de ses ciments se situe dans le propos de « l'amélioration » (improvement), et dans l'ambivalence qu'il contient. Pour donner à voir cette organisation de sens, un détour par la psychologie du self de William James peut s'avérer utile. De sa vision du psychisme se déduit une psychologie qui pourrait contribuer à la guérison mais également au développement de sujets d'exception. L'accès à la santé mentale pourrait alors s'avérer doublement salutaire, sur le terrain de la maladie comme du changement social. Cette perspective soumet la question de « l'aller mieux » à une vision plurielle sinon contradictoire qui n'est pas sans faire écho aux débats contemporains, liés aux conceptions de la subjectivité et de la personnalité, ou encore aux priorités à donner à la prise en charge.