7-9 janv. 2015 Villeneuve d'Ascq (France)

Espace des résumés > Par auteur > Quintin Jacques

Le rétablissement en santé mentale : la réappropriation de soi ou une éthique du sujet.
Jacques Quintin  1@  
1 : Université de Sherbrooke
580, rue Bowen Sud, Sherbrooke, Qc, -  Canada

La maladie mentale, comme toutes les autres maladies, se caractérise par une interprétation rigide et un rétrécissement du monde. Dans un premier temps, après un bref survol historique du rétablissement remontant aux travaux de Pinel en France, de Tuke en Angleterre et de Chiarugi en Italie, je soulignerai dans le sillage des travaux de Anthony, de Deegan, de Davidson, que le rétablissement est principalement un processus d'élargissement de de notre rapport à soi à partir d'une réappropriation de la parole et de la subjectivité. Ensuite, je montrerai pour qu'un tel processus puisse s'établir, il faut instaurer des conditions de possibilité pragmatiques, ce qu'Armatya Sen nomme des capabilités. Enfin, j'insisterai sur le fait que l'une de ces conditions de possibilité pragmatiques est la création de lieux de paroles questionnantes, certes pour s'exprimer, mais surtout pour travailler sur sa parole afin de trouver sa voix. Cette démarche questionnante permet le passage de la fixité des opinions à une plus grande fluidité des possibilités de vie. Il s'en dégagera que nous avons besoin des autres pour une plus grande liberté d'expression. De fait, ce qui caractérise l'individu, ce n'est plus l'autonomie, mais sa vulnérabilité dans la mesure où son être dépend du soin et de la qualité de présence des autres. Cette forme de présence prend à revers l'idéologie individualiste et libérale que nous retrouvons dans toutes nos sphères de vie comme dans notre manière de définir la santé. Ainsi, le rétablissement, entendu comme un accès réel à des possibilités de vie choisi librement et par goût, devient une question de justice et de solidarité. Il s'agit donc d'écouter les personnes souffrantes de troubles mentaux pour redéfinir les services de soins et pour penser une nouvelle société qui serait marqués par la solidarité et la réciprocité.


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