Espace des résumés > Par auteur > Hirschhorn Monique

Cette communication est tirée d'une recherche en cours sur la société gaziote. Son point de départ est ce que Raymond Boudon a appelé « une énigme sociologique » : comment est-il possible que la société gaziote, soumise maintenant depuis plus de 13 ans à un blocus presque constant, puisse continuer à être une société organisée et dynamique, ainsi que le montrent la quasi-absence de délinquance, l'investissement dans l'immobilier, le développement de l'entreprenariat, la faible émigration et la croissance démographique ; comment expliquer et comprendre cette « résilience sociale » ? Pour y répondre, outre un travail d'analyse de données historiques et socio-économiques, des entretiens approfondis (plus d'une centaine) ont été réalisés. Ils ont permis d'identifier les trois grandes épreuves collectives auxquelles les Gaziotes doivent faire face, l'absence de travail, l'enfermement, l'exposition au danger, ainsi que de mettre en évidence les ressources dont ils disposent , en dehors de l'aide humanitaire qui est une ressource extérieure, pour y résister : les liens familiaux et sociaux, l'affirmation de l'identité palestinienne portée par la mémoire collective, le sentiment de l'honneur renforcé par celui de l'injustice, l'Islam en tant que morale et vision du monde, l'environnement géographique et virtuel.

Après une présentation de la problématique, du cadre d'analyse et des concepts mobilisés (société, résilience, épreuve, ressource), la communication portera sur l'épreuve majeure que constitue l'absence de travail – une partie des habitants de Gaza ne pourrait survivre sans l'aide humanitaire déjà évoquée - mais qui prend à Gaza une forme particulière, car elle ne correspond que, pour une part, au chômage stricto sensu. Une typologie des formes, que revêt l'absence de travail, sera présentée et, à travers des études de cas correspondant à chacune de ces formes, seront exposées les modalités de la résilience.